Asie, Indonésie
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De car en car, de port en port – De Yogyakarta au Mont Bromo

Episode 1

Alors que le paysage défile rapidement devant moi, mon regard s’égare et mes pensées vagabondent. Je repense alors à la vie que j’ai laissé derrière moi, les études accomplies, les rêves d’avenir, les leçons d’équitation mises de côté, les exercices de piano arrêtés, la recherche d’emploi avortée… Et toujours cette lancinante question : que-vais-je bien pouvoir faire de ma vie ?
Les pensées fusent et le paysage défile toujours.

Partie à 7h30 ce matin d’Airlie Beach, entre Cairns et Brisbane, je me dirige vers un autre inconnu. Un inconnu tant de fois découvert par d’autres mais que j’appréhende tout de même. Couchsurfing, HelpX, ce vocabulaire qu’il a fallu apprendre et qu’il va maintenant falloir expérimenter.
Ce qui est bien quand on est d’un naturel anxieux, c’est que tout est une aventure, la moindre chose anodine, inhabituelle, devient une étape à passer, une expérience à surmonter, la vie n’en est que plus palpitante.
Cela fait maintenant presque deux mois que je suis partie, un temps si proche et en même temps si loin. Je repense aux quelques semaines passées à Cairns, au temps d’acclimatation, aux proches qui me manquent parfois, mon chez moi, mon confort, mon boulot qui ne me plaisait pas mais qui finalement avait quelque chose de sécurisant. Je me remémore ces premières conversations en VO que je n’ai pas comprises et qui m’ont fait rencontrer une certaine solitude, puis à ce voyage en Indonésie.

L’Asie. Continent que j’avais déjà aperçu et qui m’attire.
En Indonésie, en deux trop courtes semaines, j’ai vu de nombreuses choses et parcouru de nombreux villages. J’ai aussi lu Eat, Pray, Love d’Elisabeth Gilbert sur les conseils d’un ami, auteur qui après un divorce difficile trouve l’amour à Ubud. Je n’ai pas trouvé l’amour ni de guide spirituel mais j’ai bien mangé.
De ce livre et peut-être plus du film je retiens le mot italien Attraversiamo (traversons en français) que l’auteur apprécie tout particulièrement. Ce mot à la sonorité savoureuse décrit bien ce que nous avons vécu en Indonésie – et ce que nous vivons actuellement en Australie.
Jusqu’à maintenant tout notre voyage avait bien été ficelé, organisé comme du papier à musique. Peu de place à l’improvisation. Mais en Indonésie, par défaut plus que par choix nous nous sommes laissées porter par les évènements, petit à petit et avec de plus en plus d’amusement. En voici le récit.

Le soleil joue à cache-cache mais la chaleur est lourde. Nous écumons les agences de voyage de la rue de Sosrowijayan à la recherche de la meilleure prestation. C’est la même chose partout : même programme, mêmes horaires, mêmes prix, nos espérances honoraires sont vite réduites à néant. Nous faisons notre choix, négocions, économisons 200 000 roupies, 20 euros. Puis vient l’heure du départ. A 8h30 nous sommes sur les starting-block. Il est décidé que nous verrons les volcans Bromo et Ijen puis retournerons à Denpasar en bus.
Douze heures de bus, de nombreux villages traversés, des rizières aperçues, des regards croisés.
J’aime le car.
On voyage lentement, on voit la vie locale telle qu’elle est, sans mise en tourisme, sans fioriture.
Je  pense aux photos que j’aurais pu faire, ces photos qui auraient été superbes parce que différentes, prises sur le vif. A défaut d’appareil photo à portée de main, on déclenche dans notre tête et on garde le cliché dans un coin : cet enfant accroupi entrain d’aider son père à monter un cadre de peinture, ces femmes de dos assises sur le parvis du marché central, en pleine discussion avec leur sarong de toutes les couleurs, ces enfants jouant aux cerfs-volants, cet homme portant avec entrain son paquet de riz au milieu d’une grande étendue de rizières… Après douze heures de rêveries endormies ou éveillées, le car s’arrête à Probolinggo et nous devons descendre sans savoir encore pourquoi. On nous entasse dans une petite salle avec quelques photos du mont bromo au mur et une fois la capacité de charge de la salle atteinte on nous explique comment se déroulera notre excursion. Nous débarquons nos affaires du bus, nous les remettons puis les transférons dans un autre, nous nous installons, nous attendons puis nous descendons, reprenons nos affaires et montons dans un énième car, le bon cette fois. Nous reprenons alors la route, il est 22h, nous n’avons rien mangé.
Après nous être arrêtés dans un hôtel au bord de la route et avoir déposé deux personnes perplexes d’être abandonnées là nous arrivons enfin à notre hôtel, il est 23h, mon ventre crie famine.
La répartition des chambres débute. Nous sommes installées puis délogées au profit d’un couple. Tu ne voyages pas avec ton homme? L’ancienne remise de l’arrière cour sera pour toi! Nous découvrons alors une petite chambre exigüe avec pour salle de bain un bac à eau et des toilettes turques. Quelque peu désappointées – après l’hôtel 4 étoiles d’Ubud le changement est rude – nous finissons par sortir nos affaires. Il est tard, nous sommes fatiguées et frigorifiées. Il est 23h30, il fait 4°C.

Mais qu’à cela ne tienne, nous mettons en exergue notre slogan « expérience, expérience » et nous disons que c’est peut-être ça être de vraies voyageuses. Nous commençons à nous calfeutrer dans nos sacs de couchage mais quelqu’un frappe à la porte. C’est le conducteur du car. Il nous annonce gaiement qu’en réalité un warung est ouvert pas très loin donc si on veut manger… Trop tard. Nous déclinons, il nous demande de payer pour l’entrée du site, nous nous exécutons et allons nous coucher.
Trois heures plus tard, le réveil sonne, il est temps de nous rendre à Pananjakan, point de vue situé à 2706 mètres d’altitude, pour observer le lever du soleil sur le volcan. Il fait froid, la jeep est étroite et on n’y voit rien mais l’excitation est latente. La jeep démarre, l’air devient très vite irrespirable, le pot d’échappement se déverse dans l’habitacle, nous grimpons sévèrement. Une fois garée derrière une bonne centaine d’autres jeeps nous finissons la route à pied. En haut, ébahies devant la foule présente, nous jouons des coudes et nous positionnons devant ce qui nous semble être le volcan, puis attendons… longtemps. Le froid est vigoureux, nous n’avons qu’un pull sur nous et une légère écharpe. Le jour commence à poindre nous essayons nos appareils sans résultat. Le regard fixé au loin nous attendons encore et mitraillions à tout va. Ca y’est on aperçoit des formes, le volcan se dévoile peu à peu et ce que nous finissons par voir est somptueux.

Nous découvrons également les gens autour de nous, encore plus nombreux que ce que nous pensions, et nous disons que quand même, c’est peut-être un petit peu abusé non ?

Mais des images de volcan plein la tête nous regagnons la jeep et nous rendons au mont pour aller admirer son cratère de plus près. La brume se dissipe progressivement, des silhouettes apparaissent, des cavaliers. Nous nous arrêtons et voyons une multitude de petits chevaux tirés par des hommes enroulés dans de grosses couvertures.

De peur d’écraser ces chétifs chevaux, nous déclinons les offres de monture et commençons l’ascension pas nos propres moyens. Au fur et à mesure de notre progression, nous enlevons écharpe et pull ; il fait chaud, nous fatiguons, marcher dans le sable n’est pas aisé. Le cheval là-bas il a l’air assez costaud nan ?
Mais je me reprends, du sport que diable ! Larguées par nos compagnons de voyage faisant le tour du monde, nous arrivons tout de même devant les marches du mont et redoublons d’effort. Après moultes pauses, légèrement agacées par cette pathétique résistance physique, nous parvenons au sommet.

Là, comme énervé par notre lenteur, le vent se met à nous gifler et nous envoie un peu gaz dans les bronches. Nous pleurons, nous toussons et prenons nos écharpes pour des masques à gaz. Heureusement ça ne dure qu’un bref instant. N’osant toutefois relâcher nos écharpes nous nous décrispons peu à peu et jetons un œil par-dessus la rambarde. Il est devant nous le cratère profond de 200 mètres.

Il n’y a pas que la fumée qui nous coupe le souffle, le paysage aussi. Du jamais vu. Un désert gris. Une mer de sable à perte de vue. Nous tentons de faire le tour du cratère mais très vite la rambarde s’arrête et nos jambes se font incertaines ; nous rebroussons chemin et amorçons la descente. Mince, j’ai plus de batterie! Mais j’ai toujours mon fidèle compact, tant pis pour le réflex. Les couples hommes-chevaux sont un régal à photographier.

Après ces deux bonnes heures de marche et ce magnifique spectacle, nous parvenons à notre jeep, perdue parmi tant d’autres. De retour dans notre antre, douche rapide sans mettre les pieds dans les toilettes… pas si facile…

Mes chaussures sont noires de terre, je sors les secouer et me retrouve nez à nez avec un gros chien noir. Il me regarde puis s’affale à mes pieds. Je lève la tête et échange quelques sourires timides avec la propriétaire des lieux, une vieille femme édentée donnant à manger aux bestiaux. Un ange passe, nous retournons chacune à nos occupations.
Il est tant de reprendre le car et de marcher sur les traces de Nicolas Hulot au Kawah Ijen, ce volcan au lac le plus acide du monde.

4 commentaires

  1. Avatar de dominique
    dominique dit

    salut ma belle
    c’est génial et j’adore ton humour, par contre j’aimerai bien que tu me dises où tu es en ce moment en Australie
    Tu vois juste à la fin ou au début tu trouves un truc
    merci ma belle j’attends la suite avec impatiente
    bisous

  2. Avatar de dominique
    dominique dit

    Pardon oublie ce que je te demande tu es à Rainbow beach je ne suis pas descendue assez bas bisous chérie à bientôt

  3. Avatar de Maud

    Je fais au plus vite pour rattraper mon retard. C’est vrai que ce serait plus simple d’écrire sur le vif mais mon ordinateur fait des siennes. Il faudra donc être patiente… j’actualise la carte en bas qui montre où je suis. C’est déjà ça 😉

  4. Avatar de dominique
    dominique dit

    bonjour, prends ton temps ma puce de savoir dans qu’elle ville tu es me permets de te suivre sur mon atlas c’est tout
    bonne journée bisous

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