Asie, Indonésie
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Petite histoire d’une virée en scooter pas comme les autres – Ubud

Peu friandes de l’atmosphère « tropézienne » de Kuta, ses boîtes de nuit, sa plage bondée, sa circulation incessante, et son flot de touristes festifs, nous nous sommes rendues à Ubud, ville qui doit sa réputation à Walter Spies, peintre qui tomba amoureux de Bali, et à d’autres occidentaux qui s’y installèrent dans les années 1930.

On peut lire dans plusieurs articles sur Bali, et Ubud, que le tourisme a eu un impact négatif sur la ville, de nombreux chercheurs spécialisés sur la question touristique critiquant l’expansion d’un « tourisme culturel » marchand. Pourtant, la ville est censée être le berceau de l’art balinais, le garant de la préservation des traditions religieuses, et un haut lieu de spiritualité selon certains romanciers. Le tout, sur fond de rizières dignes des plus belles cartes postales.

Alors oui, bien sûr ce n’est pas un paradis vierge de toute interférence étrangère. Un lieu dont l’intégralité et l’authenticité ne serait entachés par une quelconque commercialisation ou mise en spectacle. Mais c’est bien joli tout de même à Ubud. Pas de gourou et de guérisseur, pas d’illumination spirituelle, en tout cas pour aucune de nous, comme le laisse à penser certains romans. Mais des temples à foison et des cérémonies fleuries un peu partout.

C’est avec ces images de temples et de rizières en tête que nous sommes venues à Ubud, et c’est ce que nous avons vu et aimé. Et, dans l’hôtel 4 étoiles où nous résidions, (oui nous ne nous refusons rien) un sentiment de quiétude se dégageait.

Après une brève visite de la ville, et un petit aperçu des abords de la Monkey Forest, nous avons décidé que ce serait en scooter que nous poursuivrions la découverte des environs. Alors sur les dires de deux françaises rencontrées en chemin, nous nous rendîmes dans une petite ruelle de la ville où une petite auberge familiale très fleurie louait des scooters à des prix raisonnables.

Une fois le scooter loué, commencèrent les festivités.
Tout d’abord, nous entendîmes qu’à Bali les touristes en deux roues étaient la cible préférée des policiers non contents de pouvoir soutirer quelques pots-de-vin aux occidentaux mal avertis. Et dans ce contexte, le fait d’avoir intelligemment laissé mon permis international à Cairns n’était pas à prendre à la légère. Mais la pensée de devoir me faire conduire toute la journée, moi qui n’avais jamais été au volant d’un scooter, ne m’enchantait guère. Alors après plusieurs essais, il fut décidé que ce serait moi qui débuterait. Nous partîmes alors, mal assurées et quelques peu chancelantes sous le regard de locaux très amusés, vers notre première destination : Tampaksiring et ses sources sacrées Pura Tirta Empul à 30 minutes de là.

Une fois le véhicule mieux maîtrisé, et une conduite plus à l’aise, c’est allègrement que nous avons loupé notre destination, nous retrouvant aux abords du Mont Batur et de son lac où nous comptions nous rendre le lendemain. Mais qu’à cela ne tienne, nous poursuivîmes malgré une jauge d’essence presque à sec et passâmes un barrage de police sans encombre (un conducteur nous ayant averti de leur présence, nous avons pu changer de conducteur à tant!) Ce même conducteur nous mena aussi à son restaurant où l’on pouvait trouver de l’essence. Mais comme rien n’est gratuit en Indonésie et que le touriste est vu comme un porte-monnaie sur pattes (peut-on le reprocher ?), il aura fallu s’affranchir d’un droit d’entrée bien plus élevé que le prix officiel, refuser poliment de déjeuner dans le restaurant, payer trois fois plus cher une petite bouteille d’eau et finalement se fâcher avec le conducteur qui nous vendait de l’essence à un prix déraisonnable. Mais soit, ce sont un peu les règles du jeu ici et même si c’est agaçant, les prix même triplés restent abordables pour nos finances occidentales.

Après cette charmante rencontre, nous partîmes prendre quelques photos du volcan et reprîmes la route pour notre destination initiale.

Grâce aux informations d’un policier bien avisé nous trouvâmes cette fois assez aisément Pura Tirta Empul, source d’eau sacrée et lieu de pèlerinage important des balinais. Selon la légende, ces sources seraient le résultat d’une bataille entre les Dieux et le démon Maya Danawa. Affaiblis et assoiffés les Dieux burent dans une source empoisonnée et périrent. Seul Indra, dieu du ciel, survécut. Il fit alors jaillir l’élixir d’immortalité, ressuscitant les dieux qui réussirent finalement à blesser le démon. Depuis, de nombreux pèlerins viennent se purifier dans la source sacrée.

Après avoir acheté un sarong, pièce de tissu que l’on noue autour de la taille, et dont le port est obligatoire pour entrer dans les temples, nous découvrîmes un rituel assez sympathique. Les balinais s’immergent dans les bassins, se recueillent et procèdent à diverses offrandes.

Une fois la visite achevée, nous reprîmes la route pour le temple Gunung Kawi, encastré dans les rizières. Malgré le temps laissant à désirer, l’atmosphère qui se dégage de ces lieux est magique, et le paysage que nous vîmes laisse rêveur.

Datant du XIème siècle, le Temple Gunung Kawi est un des plus vieux et imposants complexes hindous de Bali. Dix temples (candi) sont taillés dans la roche et s’organisent de part et d’autre de la rivière sacrée Pakrisan. Cette architecture très indienne est unique en Indonésie et se mêle parfaitement à la nature environnante.

Épuisées par la montée des 230 marches allant du temple à la rue, et par la chaleur étouffante qui régnait, nous reprîmes le scooter pour retourner en ville. Mais ayant assez mal calculé notre temps, nous nous retrouvâmes à conduire de nuit malgré les avertissements du Routard. Et vogue la galère…
Beaucoup de gens sur les routes, très peu d’illumination, quasiment pas d’indications. Et là encore mon sens de l’orientation légendaire n’a pas failli à ces habitudes. A chaque croisement, deux choix s’offraient à nous : droite ou gauche. C’est bien simple, j’ai systématiquement (et je n’exagère pas) pris le mauvais chemin, m’obligeant à faire demi tour dans des rues non éclairées et à la circulation incessante, avec l’aisance d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Très rassurant pour ma co-pilote. Après quelques embardées assez sportives, nous arrivâmes enfin à Ubud. Mais loin d’être fini était notre parcours…

Il s’avère que la rue qu’il nous fallait emprunter pour rejoindre l’auberge du scooter était en sens unique, et qu’aucune rue parallèle se trouvait à proximité. Demandant notre chemin pour la énième fois, on nous dit qu’en deux roues on pouvait prendre la rue à contre sens (ha ha), ou alors prendre une petite ruelle pas très loin, ce que nous fîmes, et ce qui fût une très mauvaise idée. Trop étroite, cette ruelle ne menait finalement pas à l’endroit souhaité, et après avoir failli nous encastrer dans une voiture (garée), nous avons finalement dû remonter la rue à contre sens, tentant d’esquiver tel Mario Kart les divers véhicules nous faisant face.
Mais c’est sans encombre que nous avons laissé le scooter devant l’auberge, personne n’étant cependant là pour le récupérer.

Ce fût donc une journée somme toute sportive et quelque peu périlleuse pour les deux novices que nous étions. Mais ces diverses péripéties nous ont laissé de merveilleux souvenirs.

4 commentaires

  1. Avatar de dominique
    dominique dit

    coucou c’est nous on vient de lire la suite. question : avez vous aussi fait trempette avant d’aller au temple …
    les photos sont superbes et on aimerait être avec vous
    bisous Luce et Louison

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